Depuis qu’elle est diplômée de l’École Nationale Supérieur des Arts Appliqués et des Métiers d’Arts (ENSAAMA « Olivier de Serres »), Annelise Nguyên a conservé des liens très fort avec ses anciens camarades de classe, avec lesquels elle a continué à travailler par la suite. L’un de ses professeurs, Jean-Jacques Victor, qualifiait son travail de « brut et zen ». Annelise Nguyên semble capter l’essence des formes. Pourtant, la pièce finale épurée est le fruit d’un long processus empirique avec un va-et-vient constant entre l’idée et l’intention qu’elle veut donner à son œuvre et ce qui se passe physiquement et techniquement avec le métal qui la compose. Son matériau de prédilection est l’acier, qui correspond à sa façon de travailler : facile à mettre en œuvre dans les grandes directions avec des torsions légères et des cintrages puis modifiable par la suite. Le résultat souhaité est obtenu après de nombreuses finitions pour que les assemblages et les soudures deviennent invisibles pour l’œil non aguerri.
En opposition à l’inertie et la pesanteur du métal qui les constituent, les œuvres d’Annelise Nguyên semble animées de mouvements fluides et de légèreté. L’artiste a établi un registre de formes courbes et dynamiques, fil conducteur de son œuvre, pour évoquer le thème de la circulation et de la nature en mouvement qui se retrouve figée en un instant. En témoigne l’œuvre Courants, traduction du Gulf Stream en sculpture. Ce mouvement d’eau impalpable devient une pièce graphique en trois dimensions avec des jeux d’ombres et de lumières. Une autre sculpture créée pour l’exposition, Saint-Elme, rompt avec les habitudes de l’artiste de réaliser des formes rondes. La partie basse, le rocher, est une pièce sombre et anguleuse, qui traduit l’idée d’un bloc qui se dresse dangereusement hors de l’eau et qui s’oppose à la partie supérieure, le phare, clair et courbe, renvoyant des éclats d’un signalement aléatoire.
Annelise Nguyên est une habituée des lieux du Port-musée puisqu’elle a réalisé une partie des espaces d’exposition avec Mik Poullard : d’abord la grande boîte de sardines qui signale l’entrée de l’exposition sur les conserveries, mais aussi des cloisons courbes, des vitrines en acier, du mobilier et des supports, toujours présents aujourd’hui. Y revenir pour montrer son travail dans ces espaces fait donc tout son sens pour elle. Ses œuvres sont également présentes dans l’espace public. Elle a notamment réalisé des bacs de fleurs pour la Ville de Douarnenez, qui sont installés sur le Port du Rosmeur.